LES ENTRETIENS

Sylvain Ballu, Le ceva

Entretien réalisé le 14 février

Présentation CEVA 

 

        Il s'agit d'une société d'économie mixte local qui a tendance a être davantage publique que privée. Au sein du conseil d'administration se trouve la région, les départements et les acteurs privés de la filière algues.

        Le CEVA est donc crée en 1982 sous forme d'association par 4 personnes afin de répondre à la problématique des algues vertes puisque les communes ont été confrontées à quelque chose de nouveau. Ils en sont venu à se demander ce qu'ils devaient en faire : les composter, les brûler ou encore les enlever. Pour ce qui a été des premiers travaux de traitement des algues, il ne s'agissait pas vraiment de valorisation. Cela consistait par exemple à de l'épandage.

        Dans les années 1990, le CEVA est transformé en société d'économie. Il possède toujours un pôle environnement qui ne touche plus seulement aux algues vertes mais à l'environnement marin dans sa globalité.

        Il a cité l'exemple des algues brunes qui apparaissent de manière conséquente suite à une surexploitation, au réchauffement climatique ou encore en fonction de la turbidité de l'eau.

      Selon lui, il faudrait développer l'algoculture qui est un pôle de valorisation dont 80% de la ressource algale française se trouve sur les côtes rocheuses. Il existe déjà plusieurs filières liées à cela c'est pourquoi il faudrait améliorer la valeur ajoutée à cette filière. Cela à un véritable rôle économique.


Controverse, d'où provenaient les algues ?

 

        Le CEVA suit le phénomène notamment par le biais de photographies aériennes afin de mesurer la surface de dépôt. Le jeu de donnée est important pour décrire le phénomène. En effet, le démarrage saisonnier va jouer sur la présence en grande quantité ou non d'algues vertes. Cela dépend de la météo hivernale, si par exemple il y a davantage de tempêtes, il n'y aura rien en début de saison. Ce paramètre est profitable pour poser des controverses.

        Le CEVA tente de prévoir les phénomènes par le biais d'études des paramètres hivernaux et des baies : savoir s'il y aura plus ou moins d'algues cette année. Par exemple, l'année 2017 a été l'année la plus précoce en terme d'algues vertes, tandis que 2018 a été la plus lente. En hiver, sans photosynthèse l'eau est riche et dès que la lumière apparaît le nombre d'algues vertes explose. La pollution va quant à elle aussi avoir un rôle. En effet, lorsqu'elle arrive par les rivières et avec un certain débit, on assiste alors à une énorme prolifération qui se développe.

         Lorsqu'il y a moins d'algues verte une année c'est seulement parce que l'hiver, avec les tempêtes, a dispersé la concentration de l'azote. Cependant cela ne signifie pas qu'il y a moins de pollution.

L'élément qui semble mettre tous les acteurs d'accord, est principalement le fait de la corporation agricole qui a intérêt à demander avant de mettre en place des modifications de son système, de demander leur avis aux scientifiques. Il paraît évident que l'azote soit la cause de la prolifération des algues vertes et que le lobbying agricole tente toujours de prôner l'inverse. De ce fait, les réunions avec les agriculteurs sont parfois difficiles. Ils mettent par exemple en cause les stations d'épurations et repoussent les échéances. Sylvain Ballu, nous a notamment indiqué que des agriculteurs ont exigé la mission interministérielle afin de s'assurer que l'azote était bien l'élément qui posait problème. De ce fait, le ministre de l'agriculture a bien confirmé que l'azote était responsable de cette prolifération d'algues vertes. Cela permet d'éclairer les agriculteurs.

 

        Il paraît aussi possible que les marées vertes soient dus à l'assainissement urbain. Etant donné que le phosphate est naturellement plus fortement présent, on ne pense pas que l'on pourra réduire efficacement sa concentration. En effet dans les eaux douces, le phosphore, et non l'azote, vient limiter le nitrate, cependant en milieu marin ce n'est pas le cas. L'azote est plus rare dans l'eau salée avec le mécanisme des cyanobactéries qui utilisent l'azote présent dans l'air comme nutriment tandis que les eaux douces étant plus pauvres, les cyanobactéries réinjectent de l'azote. De ce fait, nous pouvons dire que ce qui est vrai en eaux douces n'est pas vrai en eaux de mer. Le problème qui se pose alors actuellement est celui de la pollution diffuse amplifiée par les pratiques agricoles.

 

L'économie des algues vertes ?

 

 

        Sylvain Ballu nous fait part d'une pratique de valorisation des algues avec une entrée économique dans la Baie de Lannion par exemple. Seulement, les associations de protection de l'environnement sont peu favorables à cette pratique. Jusqu'à présent les algues vertes ne sont pas vraiment valorisées c'est à dire qu'elles n'ont pas de « valeur économique », seulement on voit émerger des entreprises qui fonctionnent uniquement sur le ramassage des algues vertes et qui font émerger un chiffre d'affaire dans la dépollution mais pas de création de valeur ajoutée. De plus, les filières de valorisation ont les connaissances pour savoir quoi faire des algues vertes tels que du plastique par exemple. Cependant, face aux refus des associations sur ces pratiques, celles-ci sont stoppées. De même, cela produit peu de valeur ajoutée car il coûte relativement cher de transformer les algues. Selon, le CEVA il s'agit de filières provisoires puisque les marées vertes ne vont pas s'arrêter soudainement. Ils soutiennent cette forme de valorisation pour un court moment, cependant Sylvain Ballu rappelle qu'il ne s'agit pas d'un élément durable et que dans l'immédiat l'objectif est de faire disparaître cette ressource : obtenir des plages propres et non un système économique. 


Jérémy Guil - Responsable d'équipe, Chambre d'agriculture de Bretagne

Entretien réalisé le 7 février à Rennes

          Tout d’abord, bien distinguer Azote organique et Azote nitrate. Démonter l’idée reçu que les algues vertes = lié à l’élevage porcin. Tout animal concentré dans un espace réduit et élevé de manière intensive, rejettera les même problèmes si la gestion est mal menée.

          Son équipe assure auprès des agriculteurs et des services de l’Etat des actions de gestions et de surveillances vis à vis des algues vertes. En effet, depuis plus de 30 ans les algues vertes envahissent nos baies l’été. Phénomène longtemps reproché par les écologistes aux agriculteurs qui, produisant intensivement et de manière très concentré une forte population d’animaux va génèrer, par leurs déjections une forte quantité d’azote. Cette azote, nécéssaire à la croissance des plantes est donc naturellement présent dans tous les excréments animaliers. Cependant, c’est depuis l’intensification de l’agriculture en Bretagne au contour des années 90 que le phénomène des algues vertes s’est aggravé lié aussi à la géomorphologie du territoire, facteur aggravant. Depuis, de nombreux plans étatiques sont mises en place où s’enchainent recherches agronomiques et plans d’action.

On constate ainsi à chaque mise en place d’un plan éthatique la diminution conséquente d’algues vertes. Attention, le facteur agricole n’est pas le seul à retenir. Le milieu breton est un facteur aggravant. De nombreuses baies, des eaux superficielles qui drainent de lourdes quantités de molécules qui vont directement interagir avec le cycle de l’eau. On ainsi de grandes quantités d’azotes qui vont être mal réparties. Si l’on s’échappe de péninsule bretonne et que l’on entreprend un voyage européens (Irlande, Pays-Bas, Espagne,..) on pourra rencontrer ces mêmes systèmes intense et compacte. La différence est à comprendre au niveau du milieu qui a une ingérence moindre ou différente. Le phénomène d’algue verte est donc un enjeu majeur pour le territoire breton.

 

       

        Le travail auprès des agriculteurs est effectué sans gènes ni controverses dans la mesure où ils ont conscience de l’impact de leurs pratiques sur l’environnement. Il y a donc beaucoup d’aides qui leurs sont apportées (ex : PMPOA : En 1994, afin de lutter contre la dégradation continue des eaux destinées à la consommation humaine, les ministères chargés de l’agriculture et de l’environnement, en concertation avec les organisations professionnelles agricoles, ont mis en place, le Programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole (PMPOA) avec deux volets : aménager les bâtiments et le stockage pour limiter les pollutions, et améliorer les pratiques agronomiques. Le financement des travaux nécessaires, assuré pour un tiers par l’État et les collectivités territoriales, un tiers pour les agences de l’eau et un tiers par les éleveurs, a été reconduit avec le second PMPOA (PMPOA2), qui couvre la période 2002-2006. Ce second programme prévoit également « une descrip.” https://agriculture.gouv.fr). Dans la même lignée on recense la directive européenne vis à vis des nitrates. On constate alors, une réelle diminution de la présence de nitrate.



                   Baie de Saint-Brieuc, septembre 2013